feuille d'automne sur courtepointe

Pendant des années, je me suis sentie déchirée.

Comme jeune adulte, j’avais baigné dans l’univers altermondialiste qui plaçait le changement social en haut de l’échelle de valeur. Mais j’étais habitée de grandes souffrances personnelles qui avaient besoin de beaucoup de soins et d’un type d’attention qu’elles ne recevaient dans ce milieu… Alors j’ai passé des années à m’occuper de mon « développement personnel », une expression qui goûtait la honte depuis mon regard « altermondialiste », et, si j’osais y ajouter le qualificatif « spirituel », c’était encore pire… Je me suis donc pratiquement retirée du milieu du changement social, à cause de ce jugement perçu et intériorisé (projeté, au fond).

Et à travers ça, je pratiquais mon art, l’écriture, de mon mieux. Mon art qui sans forcer est naturellement porté sur des questions sociales (mon roman Cité carbone, par exemple!), parce que malgré mon « égoïste » démarche individuelle, le monde continuait de m’interpeller ! Un pied dans la guérison personnelle, un pied dans la création, le coeur tiré vers le changement social, je tentais de coudre une douloureuse courte-pointe avec des points de suture.

Je vis aujourd’hui une immense célébration. La célébration de l’intégration de ces trois aspects : le personnel, l’artistique et le social. Car montrez-moi les frontières ! Elles n’existent pas.

Prendre soin de ce qui se passe en moi, c’est politique : ça me rend plus capable d’interagir avec les autres et, à un moment donné, d’être capable d’intervenir dans ma communauté, dans mon monde. Prendre soin de ce qui se passe en moi, ça me permet de créer. Créer, c’est une contribution à l’évolution du monde, sur les plans personnel et politique, parce que l’art offre un autre regard, nous donne de la distance, de la conscience, de la présence.

Tout le mouvement de l’art communautaire ou art social s’inscrit d’ailleurs dans cette perspective d’ouverture. Inclure dans plusieurs domaines et à toutes sortes de « catégories de personnes » le processus créatif qui, en transformant la matière, nous transforme. La créativité, c’est la force même de la vie et nous gagnons à y revenir, comme individus et comme société !

La démarche Libérez votre créativité  de Julia Cameron allie merveilleusement la guérison et la création.  Et la Communication non violente, nommée ainsi par Marshall Rosenberg pour souligner la parenté de sa démarche avec celle de Gandhi, ajoute aussi l’aspect social : profondément transformatrice au niveau personnel, elle permet une ouverture de la conscience de notre interdépendance et nous donne des moyens d’agir avec les autres et dans le monde d’une façon extrêmement créative.

La courte-pointe n’a pas besoin d’être cousue: c’est un tissu dynamique où tout est déjà relié.

Le tissu de la vie.

3 réponses
  1. Danielle
    Danielle dit :

    Irrésistible, ça respire l’espoir à toutes les lignes. Les mots qui me viennent, accueil de l’autre et accueil de soi, vulnérabilité et courage, authenticité et spontanéité…
    Et à travers tout ça on sent une unique joie qui se partage sans compter, comme une eau claire qui serait disponible à qui passe par là pour en boire. Tout un trésor.

    Répondre

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *