On entend généralement par le mot « empathie » le fait de se mettre à la place de l’autre personne, de « marcher dans ses souliers ».

En communication consciente, on précise un peu plus ce qu’on entend par empathie. C’est sur le plan des émotions et des besoins (ou aspirations, motivations profondes), qu’on cherche à voir ce qui se passe pour l’autre. Et pas au niveau de l’histoire qu’il raconte, qui est vraisemblablement la trame de ses interprétations du monde.

Parce que tout comme notre interlocuteur est possiblement « emporté » par son histoire, nous risquons, en nous concentrant sur son récit, de sympathiser avec lui, d’embarquer nous aussi dans ce train. Alors qu’en nous exerçant à une curiosité bienveillante envers les motivations profondes qui s’expriment à travers cette histoire, on revient dans la réalité d’ici et maintenant, là où se trouve le pouvoir de faire des choix pour créer ce qu’on veut vraiment.

Par exemple, quelqu’un me parlait de sa frustration d’attendre une réponse concernant son admissibilité à un programme de formation offert par son employeur. La personne avait plusieurs « chacals » concernant le système qui ne lui donnait pas de renseignements clairs. Un réflexe naturel, c’est de sympathiser, donc de prendre le parti de la personne contre les individus ou les établissements déclencheurs. Ce qui a pour effet de concentrer l’attention de tout le monde sur le déclencheur, qui nous semble alors être la cause du problème, et de nous faire perdre de vue notre pouvoir. J’ai plutôt tenté un petit reflet s’intéressant aux besoins* :

— T’aimerais avoir plus de soutien de la part de ton employeur ?

— Ben non, pas du soutien ! Je veux juste savoir à quoi m’en tenir pour m’inscrire ailleurs pendant qu’il est encore temps, si ça marche pas avec eux !

Et pendant le reste de la conversation, la personne s’est tout naturellement orientée vers la possibilité d’aller se renseigner sur les autres établissements de formation. Ce qu’elle a fait, réalisant qu’elle pouvait s’inscrire ailleurs et annuler son inscription si son employeur lui offrait finalement une formation. Et elle m’a remerciée à deux reprises pour notre conversation « super motivante ».

En d’autres mots, s’intéresser aux besoins dans l’instant présent, ne serait-ce que par notre attention silencieuse, c’est créer de l’espace qui permet à notre interlocuteur de voir plus clair et de pouvoir agir pour répondre à ces aspirations vitales qui criaient à travers l’histoire. C'est notamment en ce sens que c'est "comme de l'oxygène".

Pour en savoir plus sur la posture empathique proposée par la communication consciente et sur la possibilité de s'offrir à soi-même de l'empathie (autoempathie), bienvenue à cette midi-conférence:

« Comme de l’oxygène ! » Conférence sur l’empathie et l’autoempathie

le mercredi 8 novembre 2017

De 18h30 à 19h30

936, avenue du Mont-Royal Est (coworking Ecto)

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— Je suis vraiment désolée ! Mon réveil n’a pas sonné, et il y avait tellement de travaux que ça que ça m’a pris plus de temps que je pensais, et en plus j’ai eu une crevaison !

Quand je me justifie, est-ce que ça me donne pleine satisfaction ? Explorons la question sous l’angle de la communication consciente.

Le Larousse nous dit que se justifier, c’est « réfuter une allégation, donner des preuves de son innocence ». C’est donc se poser dans un paradigme de culpabilité/innocence, de tort/raison. Une dualité, une lutte desquelles la communication consciente nous invite à sortir.

Si je me justifie d’arriver en retard, qu’est-ce que je recherche au fond ? Quelle émotion et quel besoin sont sous-jacents à mes paroles ? Possiblement que la part de moi qui s’exprime alors se sent désolée, découragée peut-être, ou dépassée, et qu’elle a d’abord et avant tout besoin d’empathie. Et qu’une petite dose d’empathie lui permettrait, à cette part de moi, de voir qu’elle vit peut-être un peu de colère à l’idée de mon agenda si chargé, parce qu’elle a besoin de détente et d’espace pour être, tout simplement.

Ça semble avoir peu de lien avec le réveil qui n’a pas sonné et les travaux qui ont « causé » le retard, n’est-ce pas ? C’est souvent ce qui se passe : le réel besoin peut être en apparence éloigné des circonstances déclencheuses, d’où l’intérêt de se donner de l’autoempathie pour voir clair.

Au fond, la partie de moi qui s’exprime quand je me justifie d’être en retard a peu de chance d’obtenir satisfaction en disant tous ces mots à mon interlocuteur, surtout si ce dernier est en réaction par rapport à mon retard !

D’ailleurs, si je vis de l’inquiétude à l’idée de la réaction de la personne avec qui j’ai un rendez-vous, parce que j’aspire à du respect ou de l’harmonie, ou à quelque chose de l’ordre de la sécurité ou de la confiance, est-ce que je vais obtenir ce que je veux en me justifiant ? C’est drôle : en formulant cela en termes de sentiments et de besoins, je m’éloigne tellement de l’histoire circonstancielle que je ne vois même plus pourquoi je la raconterais !

Mais disons que je n’en suis pas consciente et que je me justifie. J’aurai peut-être une certaine satisfaction de mes besoins si l’autre me dit que ce n’est pas grave, par exemple parce qu’il vient lui-même tout juste d’arriver au point de rendez-vous ! Mais si mon interlocuteur est fâché, une petite dose d’empathie à son égard a plus de chances de nourrir le lien, et du coup la confiance que je recherche, qu’une explication visant à prouver que ce n’est pas de ma faute. Car je ne suis pas la cause de son émotion, je ne suis qu’un déclencheur ! Par exemple :

— Oh, j’arrive avec 20 minutes de retard et je vois que tu as les sourcils froncés. Est-ce que tu es contrarié parce ce que pour toi, si j’étais arrivée à l’heure, ça aurait davantage goûté le respect ?

En peu de mots, j’oriente l’autre personne vers la source de l’émotion désagréable, qui réside dans ses besoins. Je suis peut-être à côté de la plaque ; mon interlocuteur est peut-être plutôt frustré parce qu’il a besoin de soutien, et qu’avoir l’assurance que les ressources auxquelles il fait appel sont bien au rendez-vous, ça contribuerait beaucoup à sa paix d’esprit.

En m’intéressant avec bienveillance à ce qui se passe chez lui, je lui donne de l’empathie qui va permettre de créer de la clarté et de l’ouverture. Et moi, après l’avoir entendu, peut-être en reformulant ce qu’il me dit, je pourrais dire :

— De mon côté, quand je constate mon retard, je me sens découragée parce que j’aspire à me donner de l’espace pour être, tout simplement ; pour respecter mes limites et, en même temps, les autres autour de moi. Comment tu reçois ça ?

Vous voyez que j’enchaîne avec une demande, car la demande (ici de connexion, et qui peut aussi viser la reformulation ou l’action) est un super outil pour favoriser le lien, la clarté et la concrétisation des stratégies qui visent à nous rendre la vie encore plus merveilleuse, comme disait Marshall Rosenberg, le fondateur de la Communication non violente. Selon les contextes, je pourrais aussi « me demander à moi-même », par exemple, de noter dans mon agenda, la veille du prochain rendez-vous avec ce collaborateur, que je prends une soirée de congé tranquille à la maison pour me donner de l’espace et de la détente, favorisant ainsi ma capacité à être à l’heure pour nourrir le lien de confiance, si cela a du sens pour moi.

En terminant, je me dis que nous avons au Québec la croyance que « se sentir mal » amoindrit le « tort qu’on a causé aux autres ». Logique de punition. Et si on adoptait plutôt une logique de responsabilité par la reconnaissance de l’impact de nos actes et la réparation depuis l’élan du cœur ? Il y a là matière à un autre article !

Quand on a quelque chose à exprimer ou à demander à quelqu’un, surtout s’il y a quelques tensions dans l’air, la concision est un atout très précieux. En disant seulement un petit bout de message à la fois, on peut aller vérifier à mesure 1) ce que l’autre a compris de notre message et 2) ce qui se passe chez l’autre, ce que ça lui fait (et s’il a de l’ouverture pour entendre la suite).

La demande de reformulation

— Pour être certaine que j’ai bien réussi à exprimer ce que j’essayais de dire, j’aimerais bien que tu me dises dans tes mots ce que tu as entendu... Accepterais-tu de le faire ?

Demander à notre interlocuteur de reformuler ce qu’il a compris est une pratique (peu habituelle, je l’admets) qui présente beaucoup d’avantages : on s’assure ainsi qu’on parle bien de la même chose, et on peut se réaligner si l’autre a perçu ce qu’on cherchait à cacher plutôt que ce qu’on souhaitait vraiment dire...

Je veux dire par là qu’il arrive souvent que sans en être conscient, on ait encore un « chacal » qui a besoin d’empathie. Alors même si on dit de beaux mots, ce qui passe, c’est l’accusation que porte cette partie de nous qui prend le dessus malgré nous. Par exemple, je pourrais dire à une personne avec qui j’habite :

— Je me sens mal à l’aise quand je vois la vaisselle sale sur le comptoir depuis hier matin parce que j’ai besoin de paix d’esprit.

Donc, si j’arrête après ce petit bout pour lui demander de reformuler ce qu’elle a entendu, il y a de bonnes chances qu’elle me dise quelque chose comme :

– J’ai entendu que tu es frustrée à cause de la vaisselle !

Le « besoin de paix d’esprit » que je nommais n’a pas passé, mais plutôt mon reproche qui implique que l’autre personne est la cause de ma colère. De toute évidence, je n’ai pas touché à mon besoin, parce que quand j’y touche vraiment, la tension s’apaise et je peux offrir à l’autre le trésor de ma prise de conscience sans l’accuser de quoi que ce soit. Donc, j’ai encore besoin d’empathie, et le fait d’entendre l’autre me reformuler dans ses mots ce que je lui ai dit, ça m’en donne déjà un peu.

Un cran plus honnête

En recevant de l’empathie (et ma capacité d’empathie, comme celle de mon interlocuteur, varie beaucoup selon les moments), je peux espérer devenir un peu moins identifiée à mon chacal qui croit encore profondément que l’autre a objectivement et simplement tort, et faire une expression un cran plus honnête :

— Oui, c’est vrai que je suis frustrée. Et quand je vois dans quel état de colère je me mets par rapport à la vaisselle, je me sens assez découragée. Au fond, j’ai vraiment besoin d’empathie.

Plus vulnérable aussi, n’est-ce pas ? C’est dans cet espace de vulnérabilité qu’on a une chance de se rejoindre avant de parler de solutions concrètes, avant de faire des ententes qui tiendront en compte les besoins des deux personnes.

La demande de connexion

Je gagne à garder ça bref et à aller voir, grâce à ce qu’on appelle en CNV une « demande de connexion », ce qui se passe chez l’autre quand elle entend ça, pour faire de la place à ses sentiments et à ses besoins :

— Ça te fait quoi, quand tu entends ça ?

Et là, je prépare mes oreilles de girafe, parce que l’autre peut être touchée et ouverte (car nourrie dans son besoin de connexion, par exemple), comme elle peut être déclenchée et vivre une réaction de type « émotion désagréable » (ayant elle-même besoin d’empathie). Je respire, je fais de mon mieux pour rester présente et faire appel à la curiosité bienveillante pour me relier aux émotions et aux besoins de l’autre.

Je ne suis pas pour le moment une ceinture noire en CNV. Ça prend souvent plusieurs allers-retours pour arriver à connecter vraiment. Et c’est dans cette danse, en m’exerçant à utiliser mes oreilles de girafe vers moi et vers l’autre, que le lien peut se construire, dans l’humilité de cette authenticité encore maladroite et teintée de chacals déguisés en girafes. Peu de mots à la fois, pour me réaligner à mesure et m’assurer que je danse bien avec l’autre.

Car voilà la conscience à laquelle nous invite la Communication non violente, celle de notre interdépendance : la satisfaction de mes besoins sera plus complète si ceux de mon interlocuteur sont aussi pris en compte.

(2e article d’une série sur les avantages de la concision)

La première question à se poser lorsqu’on veut faire consciemment usage de la parole, particulièrement lorsqu’il y a une certaine charge émotionnelle en nous : « Quelle est mon intention? »

Si la réponse qui monte spontanément ressemble à : « Mon intention est de lui faire comprendre qu’il a tort! » ou « De lui faire savoir ma façon de penser! », il serait probablement favorable de me donner un peu d’empathie avant d’avoir un échange avec la personne concernée (bientôt un autre article sur des manières concrètes de le faire). Car au-delà de l’enjeu immédiat de mon insatisfaction, qu’est-ce que je veux vraiment? Les questions suivantes peuvent aider à déterminer mon intention :

Quelles qualités je veux retrouver dans mes relations ?

Quelles valeurs je veux  incarner?

Quelle saveur je veux donner à ma journée?

Une intention peut être résumée en un mot. Par exemple, je peux vouloir vivre de la confiance dans mes relations; vouloir incarner une valeur de respect; vouloir que ma journée se déroule dans la bonne humeur.

Confiance, respect, bonne humeur. Le simple fait de me relier mentalement à mon intention a un impact direct sur la suite de mes actions et de mes paroles. C’est selon moi là que commence réellement notre liberté.  La psychologie évolutionniste et les neurosciences nous expliquent désormais que c’est une façon de court-circuiter les réactions instinctives des structures anciennes de notre cerveau, conçues pour réagir rapidement aux menaces afin d’assurer notre survie. Nous relier à notre intention, c’est faire appel à un niveau d’intelligence plus récent, capable de nuances et d’adaptation.

Donc, si je suis au clair avec mon intention de confiance, de respect, de calme, je peux mobiliser mon énergie pour agir en conséquence, en commençant par respirer plus profondément pour me calmer et ensuite déterminer quels mots pourront établir des conditions gagnantes pour avoir ce que je veux vraiment.

La semaine prochaine : parler de façon concise pour être en mesure de vérifier l’impact chez notre interlocuteur.

Mes formateurs québécois de Communication Non Violente, qui ont personnellement étudié avec Marshall Rosenberg, le créateur du modèle, rapportent que ce dernier recommandait de limiter ses interventions à 40 mots.

40 mots !

Les avantages de la concision sont nombreux. Par exemple, parler brièvement :
1. Demande de ralentir pour revenir à notre intention, à ce qu’on veut vraiment ;
2. Permet de vérifier à mesure ce qui se passe chez notre interlocuteur pour s’assurer que la connexion est maintenue ;
3. Permet d’éviter la justification ;
4. Favorise des conversations où il y a de l’espace pour être, grâce au silence ;
5. Favorise la « parole émergente ».
6. Permet de voir ce qui sonne faux, là où on n’est pas 100 % honnête avec soi-même (ce que notre interlocuteur va percevoir d’une façon ou d’une autre).

Être concis, c'est communiquer le zeste de ce qu'on a à dire, l'essentiel!

J’explorerai ces différents avantages de la concision au cours des prochains articles.

Cela étant dit, tout est une question de contexte. Parler plus longuement peut être une stratégie efficace pour donner de l’empathie à nos « chacals », ces parties de nous qui sont chargées d’émotion et se manifestent par des voix dans notre tête qui ont généralement de nombreux mots à exprimer. Leurs histoires sont très importantes, puisqu’elles parlent de nos besoins. Les chacals ont besoin d’empathie, ils se calment quand on entend quels besoins les font crier (voir article sur les « chacals »).

Je suis personnellement une adepte de raconter sans censure ce qui m’habite, à une oreille empathique et, surtout, consentante ! (Je reviendrai dans un autre article sur les demandes claires d’empathie). Ouf, ça me donne vraiment de l’espace, du soutien pour retrouver la paix d’esprit.

Seulement, il y a des circonstances où laisser s’exprimer nos chacals ne crée pas le genre de lien qu’on veut avec les autres et avec soi-même. Comme lorsqu’une situation est tendue avec quelqu’un, ou qu’on veut faire une proposition dans une réunion ou une demande à un collègue, un patron, un employé. C’est là que l’exercice du choix conscient des paroles qu’on exprime peut faire toute une différence et nous donner plus de chance d’obtenir ce qu’on veut vraiment.

À suivre dans le prochain article qui portera sur l’intention !

Nouvelle formule! J'offrirai très bientôt une série de sept conférences au Mandala Spa (6255, boul. Monk, Montréal. À 10 min du Métro Monk).

Aimeriez-vous faire plus de place à la créativité dans votre vie ? Nous avons tous en nous des aspirations créatives, qu’elles se manifestent par la création artistique ou autrement. Toutefois, le flot naturel de la créativité est parfois bloqué. Venez découvrir une approche qui permet de se reconnecter à cette force de vie en faisant le ménage des blocages et en intégrant au quotidien des habitudes simples et amusantes.

Les conférences interactives « Créativité et amour de soi » auront lieu les mardi de 19 h 45 à 20 h 45.

Thèmes des huit conférences qui auront lieu les mardis de 19h45 à 20h45:

  1. L’enfant intérieur et le Censeur  – 25 avril
  2. Comment composer avec la critique ? –  2 mai
  3. Perfectionnisme ou processus ? –  9 mai
  4. La synchronicité au service de la créativité –  16 mai
  5. Syntonisez l’abondance créative ! –  23 mai
  6. Les dépendances comme blocages à la créativité –  30 mai
  7. La manifestation de nos élans créatifs –  6 juin

Coût pour l'ensemble des conférences: seulement 98 $ + tx! (ça revient à 14 $ + tx par soir)

Si vous venez à la carte: 18 $ + tx par conférence. Réservation nécessaire: 514-769-6789

Télécharger la description des conférences et les renseignements pratiques 

Inscrivez-vous à la série! Réservez votre place : 514-769-6789

Julia Cameron, dans son livre Libérez votre créativité, nous invite à regarder en face les blessures qui ont paralysé notre enfant artiste intérieur, à revisiter les moments douloureux de notre parcours, les critiques dévastatrices qu’on a reçues, les expériences qu’on a perçues comme des échecs, à faire le deuil de nos autosabotages et volte-face créatifs. Ouch, tout ça fait mal ! Là survient la sagesse de Julia Cameron : elle a parsemé son programme d’exercices qui nourrissent la joie, le plaisir, la découverte. Je pense notamment à la sortie hebdomadaire avec l’artiste (voir la vidéo), mais aussi à de petits gestes comme écouter une pièce de musique, nous procurer un bout de tissu d’une couleur qui nous plaît, cueillir quelques feuilles de plantes rencontrées lors d’une ballade, mettre dans notre maison une odeur réconfortante. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des mini-actions qui allument des étincelles de joie en nous, car elles nourrissent notre vitalité créative !

Pour être en mesure de faire face à nos « monstres », il faut être assez ancré dans une énergie de présence, autrement on risque de se laisser emporter par la douleur, qui peut nous traîner comme un bateau à moteur traîne le débutant qui n’a pas réussi à se lever sur ses skis nautiques... jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il doit lâcher la corde ! Différentes traditions disent la même chose, en des mots différents. Je lis dans le livre du moine bouddhiste Thich Nhat Hanh qu’une des manières de transformer les « graines de souffrances » que nous portons (et qui parfois nous viennent même des générations précédentes), c’est de semer et arroser nos graines de bonheur (Prendre soin de l’enfant intérieur, Pocket). L’approche de psychocorporelle intégrée dit la même chose, de même que celle du focusing de la relation intérieure ; dans mes mots : pour pouvoir accueillir les parties blessées, assurons-nous d’abord d’être ancrés dans la présence calme qu’on associe aux montagnes, aux forêts, à la nature. Elle a le pouvoir d’accueillir ce qui fait mal et de le transformer.

Et la beauté de la chose, c’est que la création artistique, le jeu créatif est une excellente voie pour « lâcher la corde » de nos blessures qui s’autoflagellent et revenir dans la réalité du monde matériel d’aujourd’hui, donc au pouvoir d’action et de changement. Un tout petit dessin, quelques minutes à chanter ou à danser ont un grand pouvoir. La création sans pression, à l’abri des regards, la toute petite création juste pour jouer, ici et maintenant, est le meilleur antidote au blocage créatif. Et à force de le faire, on se renforce les muscles émotionnels et créatifs, et on devient prêt à remonter sur les skis nautiques de la créativité. Avec de la pratique et du soutien, on réussit à se lever et à goûter l'aventure!

Ah oui ?

Ben non.

Êtes-vous comme moi ? Toujours un peu attirée par ces formules miracles...

Transformer complètement ma vie, fracasser des records et surmonter toutes mes barrières en quelques jours, grâce à des formules toutes simples ! Oui ! Oui ! Oui ! (Je l’avoue, j’ai même déjà commandé des échantillons gratuits de crème antirides miracle... pour me rendre compte que je venais de m’engager à en acheter pour 90 USD par mois pour le reste de mes jours ! Heureusement, j’ai pu annuler cette miraculeuse transaction.)

Mais non, ce n’est pas ça que j’offre avec mes ateliers à partir du livre Libérez votre créativité de Julia Cameron (nouveau groupe à partir du 26 février 2017 à Verdun).

Ce qui se passe, quand on fait la démarche Libérez votre créativité, c’est au contraire une intégration de la notion de processus. La création artistique, le développement d’une œuvre, d’un projet, d’une carrière, c’est un processus. Ça se déploie dans le temps, un jour après l’autre, à partir de chaque moment où on prend le pinceau, le clavier, la guitare pour jouer un petit peu, pour avancer un petit peu.

Apprendre à apprendre. Accepter d’être un débutant. Se détacher de la pensée en tout ou rien pour percevoir la possibilité de cheminer, d’évoluer comme personne créative, comme artiste. Pour moi, ce qu’il y a entre le noir et le blanc, ce ne sont pas des nuances de gris : ce sont les couleurs de l’arc-en-ciel !

 

Et en même temps, c’est vrai que la démarche Libérez votre créativité active une multitude de petits « miracles » : les synchronicités. Ça devient un mode de vie. Une confirmation que notre monde intérieur et le monde de la matière ne sont pas des vases clos et qu’un alignement clair sur la réalisation de nos rêves actionne mystérieusement une force bienveillante qui fournit de l’eau au moulin.

Un exemple : chaque matin depuis janvier, je lis des affirmations qui me réalignent sur mes projets. Notamment, celui d’écrire un livre qui fait une synthèse de mon expérience de la créativité et la Communication NonViolente (entre autres approches), et de me réserver un week-end pour lui donner un coup d’envoi. Après 5 semaines à lire cela, « par hasard », un délai de départ de mes ateliers (hors de ma volonté) me libère un week-end, alors je me décide à réserver une cabane dans le bois pour aller commencer ce projet. Et le lendemain, je reçois par courriel la référence d’une méthode (miracle, bien sûr) pour rédiger l’essentiel d’un livre en un week-end ! (Voici le lien, franchement la méthode m’enthousiasme.)

Voilà le paradoxe : accepter que tout est un processus qui se déploie dans le temps, et s’ouvrir aux miracles qui nous offrent parfois des raccourcis phénoménaux. C’est un chemin à la fois de détermination et de lâcher-prise, car on ne contrôle pas quand les synchronicités se produisent. Et la démarche proposée par Julia Cameron nous guide dans les deux sens : celui de l’action et celui de la détente pour laisser la Créativité suivre son cours. Comme un cœur qui bat, alternant contraction et expansion. Et parfois on a le cœur brisé, car s’il y a des printemps fleuris dans nos processus créatifs, il y a aussi des novembres glaciaux et pluvieux. Alors il est bon d’avoir intégré des manières d’en prendre soin avec douceur.

J’aime beaucoup la traduction française du livre de Julia Cameron, Libérez votre créativité, notamment parce que ça embrasse large, pas uniquement la création artistique. En même temps, le titre original, The Artist’s Way (« Le chemin de l’artiste »), évoque bien cette idée de cheminement, de progression dans la durée. Ce livre est comme un guide de voyage pour s’amuser et profiter de la route sans se laisser arrêter par les obstacles.

Le fait de suivre les 12 semaines d’atelier permet de soutenir l’assiduité dans l’expérimentation de pratiques qui favorisent l’équilibre, le jeu, l’amour de soi, le grand ménage (intérieur et matériel). Et d’intégrer une manière de voir les choses qui permet de créer malgré les peurs et les doutes, et de continuer à créer malgré les périodes de sécheresse qui nous surprennent parfois après une récolte abondante.

Appelez-moi si vous avez des questions sur les ateliers, ça va me faire tellement plaisir d’y répondre ! Un nouveau groupe démarre le 26 février (les dimanches de 13h30 à 16h max, jusqu’au 21 mai). Toutes les infos ici!

Jacinthe
La créativité à l’action
514-278-9938

 

https://www.youtube.com/watch?v=8fsvdShmmdY